Si votre entreprise se trouve en redressement judiciaire, vous devez comprendre vos droits avant de prendre toute décision. Ce contexte modifie les règles habituelles du droit du travail. Vous pouvez partir, mais pas n’importe comment. Nous vous expliquons comment quitter votre poste dans les meilleures conditions, sans perdre vos droits ni vos indemnités.
Comprendre la procédure de redressement judiciaire
Le redressement judiciaire s’applique aux entreprises qui ne peuvent plus régler leurs dettes, mais dont la survie reste possible. Le tribunal de commerce désigne alors un administrateur judiciaire chargé d’analyser la situation et de proposer un plan pour maintenir l’activité.
Pendant cette période, l’entreprise continue à fonctionner, et vos contrats de travail restent valides. Cependant, les décisions de rupture, de licenciement ou de transfert doivent être validées par le juge ou par l’administrateur. Vous devez donc connaître les règles avant d’envisager un départ.

Les solutions pour quitter une entreprise en redressement judiciaire
La démission : possible, mais encadrée
Vous pouvez démissionner à tout moment, mais vous devez respecter votre préavis et envoyer une lettre de démission écrite, comme le souligne cet article. Attention toutefois : la démission ne donne pas droit au chômage, sauf si elle repose sur un motif légitime, comme le non-paiement du salaire.
Si vous ne recevez plus votre paie, vous devez informer l’administrateur judiciaire et conserver toutes les preuves. En cas d’inaction de sa part, vous pouvez saisir le conseil de prud’hommes pour faire reconnaître la rupture du contrat aux torts de l’employeur. Cette démarche vous permettra d’obtenir vos indemnités et vos droits à l’assurance chômage.
La rupture conventionnelle : rare mais envisageable
La rupture conventionnelle est parfois envisageable, mais elle reste difficile à mettre en place pendant un redressement judiciaire. Elle doit être validée par l’administrateur et le juge-commissaire. Ce processus allonge les délais et comporte un risque de refus.
Si vous choisissez cette voie, négociez directement avec l’administrateur et demandez une validation écrite. Nous vous recommandons également de solliciter un conseil juridique avant toute signature.
Le licenciement : la solution la plus courante
Le licenciement économique intervient souvent lors d’un redressement judiciaire. Il est prononcé avec l’accord du juge-commissaire et de l’administrateur, selon les difficultés de l’entreprise. Vous bénéficiez alors d’un droit au chômage, d’une indemnité légale de licenciement et du paiement des salaires dus.
Pour mieux visualiser vos options, voici un tableau récapitulatif des différents modes de départ et de leurs conséquences :
| Type de départ | Conditions à respecter | Droit au chômage | Validation requise |
|---|---|---|---|
| Démission | Préavis obligatoire, motif légitime pour chômage | Non (sauf motif légitime) | Non |
| Rupture conventionnelle | Accord salarié + employeur + validation du juge | Oui | Oui |
| Licenciement économique | Décision du tribunal et de l’administrateur | Oui | Oui |
| Rupture judiciaire | Prononcée par le conseil de prud’hommes | Oui | Oui (jugement) |
Vos droits après le départ
Vous devez réclamer vos salaires et indemnités dans les délais légaux. Si l’entreprise ne peut pas payer, l’AGS (Assurance de garantie des salaires) prend le relais. Ce dispositif vous garantit le versement de vos salaires, indemnités de licenciement et congés payés dus (source : Entreprise SNPC).
Pour en bénéficier, vous devez déposer une déclaration de créance auprès du mandataire judiciaire dans les deux mois suivant la publication du jugement au BODACC. Nous vous conseillons de le contacter dès que possible pour confirmer la marche à suivre.

Nos recommandations pour partir dans de bonnes conditions
Vous devez toujours vérifier vos droits avant toute rupture. Conservez vos bulletins de salaire, vos courriers et toute preuve de communication avec l’administrateur ou le juge. Si vous avez le moindre doute, faites-vous accompagner par un avocat en droit du travail ou un représentant syndical.
Nous vous recommandons également de préparer votre dossier Pôle emploi avant la rupture effective du contrat afin d’éviter tout retard d’indemnisation.
Quitter une entreprise en redressement judiciaire demande de la vigilance et de la méthode. Vous devez connaître les procédures, choisir la forme de départ la plus adaptée à votre situation, et agir dans le respect des délais. En suivant ces étapes, vous sécurisez vos droits et vous anticipez votre prochaine étape professionnelle avec plus de sérénité.